Les bains-douches au cœur d'une morphologie constellaire de l'habiter

Si habiter ne peut se réduire au seul toit sur la tête, il convient de l’envisager comme la somme des différents besoins de l’être humain : manger, dormir, se laver, s’habiller, s'aimer, se connecter à Internet, à ses amis, etc. Pour les personnes dépourvus de logements conventionnels, subvenir à ces besoins n’est pas aussi simple que pour les personnes logées, et implique de nombreux déplacements dans l’espace public pour remplir ces fonctions d’habiter, ici pour dormir, ici pour se laver, ici pour trouver à manger. L’espace public devient alors une centralité dans cette constellation de « l’habiter éclaté », fragmenté en autant de lieux qu’il y a de besoins.

Dans les déplacements inhérents à la fragmentation de l’habiter et dans la régularité de certains usagers, les bains-douches apparaissent comme le socle du monde connu. En tant que repères urbains, ils permettent alors l'ancrage territorial de l'habiter par les habitudes. Nous avons observé que de nombreux usagers qui, bien qu’ayant retrouvé un logement conventionnel (les jeux de relogement ou d'hébergement d’urgence les conduisent dans des quartiers dont bien souvent ils se sentent étrangers) reviennent aux bains-douches retrouver leurs attaches et leurs relations. Nous envisageons à ce titre les bains-douches comme une étoile dans l’univers, un point de rencontre des différentes constellations en mouvement de l’habiter éclaté.

Alors, nous sommes partis en quête de ces constellations et nous avons tenté de les dessiner, une journée comprenant tous les déplamcent pour se rendre ici ou là, à pied, en tram, en métro

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Et puis nous avons entendu les voix des endroits où on se lève, où on prend un petit-déjeuner, les rendez-vous, les lieux pour connecter son téléphone, se mettre au chaud, les endroits où on peut dénicher un repas et des bons plans, les lieux pour dormir et les bains-douches, haut lieux pour se laver, prendre une pause et prendre soin de soi.