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Magalie Bessone
Bessone Magalie
« Le vocabulaire de l’hospitalité est-il républicain ?
In Éthique publique, vol. 17, n° 1, 2015 « Penser l'ouverture des frontières »
Le vocabulaire de l’hospitalité est massivement employé dans la « philosophie publique » française républicaine (Laborde, 2008) pour penser les questions d’immigration, au point qu’on a pu considérer qu’il s’est constitué en « nouveau paradigme » au cours des années 1990 (Rosello, 2001). Or si le phénomène de l’immigration est distinctement sociopolitique, le concept d’hospitalité relève plutôt d’une théorie éthique et son statut dans les discours est celui d’une métaphore (Rosello, 2001). L’hypothèse explorée dans l’article est que son usage est un symptôme de la conversion, systématiquement accomplie par le républicanisme, des principes politiques de justice en obligations éthiques lorsqu’il est question de migrations. L’article suggère qu’il importe de « déséthiciser » les questions de migrations afin de les traiter politiquement : cela doit nous conduire à abandonner la métaphore de l’hospitalité pour traiter les conditions de la citoyenneté.
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Breviglieri Marc
Breviglieri Marc
"Penser l'habiter, estimer l'habitabilité"
In : Tracés, novembre 2006 - article p. 9-14« On n’habite pas dès qu’on pénètre à l’intérieur d’une maison : c’est l’usage familier des choses habituelles qui, progressivement, meuble et fonde un noyau d’habitation [...]. L’habiter n’est pas simplement ce qu’on habite, mais conjointement, ce qui nous habite. »
Pour le sociologue Marc Breviglieri, habiter passe par la familiarité dans un espace, obtenue par la main de celui qui habite. Il explique la portée politique de ce geste individuel inhérent aux espaces publics dans la construction de l’identité et du politique, et la manière dont il travaille sur l’habiter en cherchant le lien avec l’ordre ou la propreté d’un lieu. Son travail peut nourrir la réflexion sur la conception des espaces domestiques ou publics, en comprenant mieux leur appréhension par la société.
In: "Penser l'habiter, estimer l'habitabilité" Tracés, novembre 2006 - article p. 9-14 -
Calvino Italo
Calvino Italo
"Les villes invisibles"
2013, Gallimard, 208 p.« Si Armille est ce qu'elle (...) Le fait est qu'elle n'a ni murs, ni plafonds, ni planchers : elle n'a rien qui la fasse ressembler à une ville, sinon les conduites d'eau qui montent verticalement là où devraient être les maisons et se ramifient là où devraient être les étages : une forêt de tubes qui se terminent en robinets, en douches, en siphons, en trop-pleins »
A travers un dialogue imaginaire entre Marco Polo et l’empereur Kublai Khan, Italo Calvino nous offre un "dernier poème d’amour aux villes" et une subtile réflexion sur le langage, l’utopie et notre monde moderne.
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Stany Cambot pour Echelle Inconnue
Stany Cambot pour Echelle Inconnue
"VILLES NOMADES, histoire clandestines de la modernité."
Eterotopia France, 2016. p189« Une autre ville existe, concomitante à la ville planifiée. une ville faite de caravanes, de tentes, de camions, mobiles-homes et autres jiosques et cabanes. Ville européenne, autre, que de Paris à moscou le cadastre réprouve et oblitère quand il ne criminalise pas. »
Fondé en 1998 et emené par l'architecte Stany Cambot, Echelle Inconnue n'est pas un collectif mais un groupe, comme un groupe de rock, qui voudrait être à l'architecture ce qu'Elvis Presley fut à Tino Rossi. Groupe indiscipliné de recherche et création, autour des notions d'invisibles des villes et de leurs représentations, il se consacre aux ubranités minoritaires, alternatives ou émergentes ainsi qu'aux populations non prises en compte ou discriminées en raison d'un mode de vie minoritaire. il tente d'être un acteur de l'émergence d'une connaissance "par le bas" mettant en place des travaux et expériences artistiques autour de la ville et du territoire.
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Deckmyn Chantal
Deckmyn Chantal
Lire la ville
2020, lé découverte, 280p.«Ce livre est un manifeste pour la ville. Ce n’est ni un pamphlet ni une critique amère ou nostalgique de notre réalité. C’est un manuel pratique qui s’adosse à une pensée et à une éthique de la ville, qui part de l’existant et tente de le saisir. L’ouvrage croise les dimensions spatiales et sociales de la ville. Il ne cherche pas à convaincre. Il expose, pas à pas, le bénéfice que représenterait pour tous, individuellement et collectivement, un espace public civil, favorisant la citoyenneté, l’égalité et la solidarité. L’ouvrage, composé de 19 entrées thématiques (bancs, sols, gares, sûreté urbaine…), propose un choix de préconisations qui, sans prétendre à l’exhaustivité ni à la perfection, tendent vers une éthique des interventions dans la ville.
Chaque entrée, éclairée par les enjeux anthropologiques et politiques de l’espace public, comporte des recommandations, explore des aspects pratiques, évoque quelques-unes de ses dimensions sémantiques, historiques ou artistiques. Des exemples, des contre-exemples, des illustrations, une marche à suivre permettent de penser les différentes problématiques en regard de cas concrets. L’ouvrage intéressera tout un chacun, des élus et des aménageurs aux amoureux de la poétique urbaine.
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Deckmyn Chantal par Vincendon Sibylle
Deckmyn Chantal par Vincendon Sibylle
"L’espace public devient inhabitable."
In : Liberation 17 janvier 2016.Pour l’architecte et urbaniste, la ville est, elle aussi, porteuse d’inégalités et d’ostracisme, à l’image de la société. Améliorer l’espace urbain serait une preuve de notre dégré de civilisation, pour les SDF, mais aussi pour tous ceux qui sont vulnérables : les personnes âgées, les enfants, les handicapés.
In : Liberation 17 janvier 2016 - article numérique -
Gotman Anne
Gotman Anne
"Le sens de l’hospitalité - Essai sur les fondements sociaux de l’accueil de l’autre."
Paris, PUF, 2001.Considérée comme une vertu, l’hospitalité est cultivée, louée, moins souvent étudiée. Les moralistes, chagrinés de son déclin, exhortent ses bienfaits ; les philosophes, plus distants, cherchent sa permanence. Plus proche de l’expérience concrète, ce livre envisage l’hospitalité comme une pratique sociale critique de la vie quotidienne, dans laquelle l’être humain, bon gré, mal gré, se réalise.
Véritable épreuve de l’autre, l’hospitalité est riche d’apports et de difficultés, d’ajustements et de compromis, de sacrifices et de conflits. En donnant la parole à ceux qui ont vécu des expériences, parfois extrêmes, d’accueil de réfugiés, de personnes atteintes du sida ou encore de membres de leur entourage, l’ouvrage dévoile les rapports de sexe, de territoire, de pouvoir et d’identité qui se jouent entre hôtes, ainsi que les contradictions entre logiques privée, marchande, associative, ou d’État. Par la confrontation d’approches historique, littéraire et empirique, il révèle les multiples facettes, politiques, psychologiques, sociologiques, d’un phénomène au coeur des problèmes sociétaux.
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Laborey Claire
Laborey Claire
"Mainmise sur les villes."
Chamaerops et Arte, 2015, 89 minutes.Où en est la démocratie urbaine ? De Paris à Istanbul en passant par Berlin ou Copenhague, ce film interroge la manière dont se construit la ville et la place qu’y occupent les citoyens. De Berlin à Copenhague en passant par Londres ou Toulouse, un voyage émaillé de rencontres avec des experts (la chercheuse Anna Minton, les architectes-urbanistes Jan Gehl et Frédéric Bonnet, le philosophe Thierry Paquot. . . ). Ils décryptent les rapports de force à l’oeuvre et s’interrogent sur la constitution de contre-pouvoirs.
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LALCA
Qu’est-ce que l'hospitalité à
l'échelle d'une ville ?Octobre 2021, Millenaire 3
Qu’est-ce que l’hospitalité à l’échelle d’une ville ? Répondre à cette question peut se faire de deux manières :
Par la théorie, en réfléchissant à la manière dont la fabrique de la ville a produit volontairement ou non des exclusions ; par la pratique, en regardant concrètement les solutions trouvées par les individus pour répondre à leurs besoins quotidiens.
Ce sont ces deux angles que le laboratoire de recherche et création, LALCA, créée en 2008, propose d’investiguer dans cet article.
En parallèle de ce travail d’observation et d’enquête, LALCA mène des recherches documentaires et collabore régulièrement avec des laboratoires académiques, comme le Laboratoire EVS-LAURe, et l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain de l’EHESS-CNRS. -
LALCA
Campement sonore
Avril 2021, Anthropocène 2050
"Notre Campement sonore génère une hospitalité éphémère essentielle au travail d’enquête, tout autant qu’il est une manière de la revendiquer comme nécessité fondamentale des espaces publics urbains"
Par un collectif du Laboratoire d’Architectes, Lutteurs, Chercheurs et Artistes (LALCA)
Dans cet article, Julie Bernard, Corentine Baudrand, Marie Maindiaux et Florent Ottello théorisent la méthodologie du “campement sonore”, outil indispensable du travail de recherche — action du Laboratoire d’Architectes, Lutteurs, Chercheurs et Artistes (LALCA) sur la ville accueillante.
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LALCA
Dans l’intimité des bains-douches.
Une expérience collective de recherche-création.
Décembre 2021, Ethnographiques
Ce texte présente une expérience collective de recherche-création menée par l’association LALCA (Laboratoire d’Architectes, de Lutteurs, de Chercheurs et d’Artistes) sur le dernier établissement public de bains-douches encore ouvert à Lyon. Le laboratoire lyonnais LALCA se définit à la fois par un engagement citoyen, par une approche alliant recherche théorique et expérimentale ainsi que par des expériences artistiques (sonores, visuelles et urbaines). Il questionne aujourd’hui l’hospitalité publique et l’accès à l’intimité de ceux qui en sont privés à travers les pratiques d’hygiène et de sociabilité aux bains-douches. Cet article présente la composition et la démarche du collectif qui rassemble des chercheurs, des artistes et des architectes. Il aborde également les modalités et les effets de la recherche-création sur le terrain. Une des singularités de cette démarche consiste à questionner l’intimité dans les relations sociales à partir du recueil et de l’analyse d’entretiens qui deviennent des « Récits de vi(ll)e » et des « Polyphonies citadines », mais aussi à travers la mise en place de « Campements sonores », et autres dispositifs interactifs et temporaires créés par le LALCA. Cette expérience amène à considérer en quoi la recherche peut être modifiée par l’art et l’intervention dans l’espace public, et que loin de s’en trouver altérée, elle y puise des ressources pour répondre à des situations d’enquête problématiques et accéder à de nouvelles connaissances.
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LALCA
L’eau des bains-douches, de l’intimité à la santé publique
Compte-rendu de “La semaine l’eau 2022” par LALCA.
Juillet 2022, Anthropocène 2050
Et si l’on prenait au sérieux les bains-douches en tant que lieu important de la ville? Et si l’on partait des bains-douches pour découvrir les relations entre la ville et l’eau? LALCA mène l’enquête. Association créée en 2008, LALCA est un laboratoire de recherche théorique et expérimentale qui tente d’observer comment la ville se fabrique à l’encontre de ce(ux) qui l’effraie(nt).
Au croisement des champs disciplinaires de la création visuelle et sonore, de la cartographie militante et de la recherche urbaine, LALCA explore les marges de la métropole lyonnaise pour éclairer avec celles et ceux qui les habitent des réalités invisibles et penser la ville inclusive.
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Le blanc Guillaume
Le blanc Guillaume
Vies ordinaires, vies précaires
2007, le Seuil, 300 p.Banalisée, inscrite désormais dans le décor de notre quotidien, la précarité bouleverse notre rapport aux normes sociales. Sait-on simplement aujourd’hui ce qui distingue une vie ordinaire d’une vie précaire ? A-t-on seulement noté que les chômeurs, les surnuméraires, les inutiles, cette armée de sans-voix, s’inventent une nouvelle langue à laquelle nous restons sourds ?
Si la philosophie peut espérer contribuer à la critique sociale, il lui revient de traduire ces expériences d’inexistence et de redonner droit de cité à ces voix discordantes, participant ainsi à la construction d’une « société décente ». Non point un programmme, mais une exigence : parce que les voix des précaires sont l’ultime voix de la démocratie, leur faire une place dans le bruit ordinaire de nos vies
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Le Blanc Guillaume
Le blanc Guillaume
L'insurrection des vies minuscules
2014, Bayard, 152 p.« Et courir n’a rien d’un luxe, c’est le sport des pauvres qui veulent vivre, pas même un sport, plutôt le passe-temps d’un mange-la-faim qui s’efforce de disparaître pour ne pas être pris, qui veut se cacher loin, dans des périphéries toujours plus éloignées car sa présence au centre des choses, dans le cœur du monde, est vécue comme une gêne parasitaire. »
Chaplin invente le témoin précaire de son temps, celui qui, au bord de la désintégration, parvient néanmoins à survivre. Charlot appartient à une humanité vulnérable qui déroule sous nos yeux une vie minuscule. Et pour- tant, que l'on regarde Les Temps modernes, The Kid ou Le Dictateur, c'est bien lui qui remet en question tous les partages sociaux entre le grand et le petit, le centre et la périphérie, le dedans et le dehors, le normal et le pathologique : faut-il vraiment vivre en travaillant ? Qu'est-ce qu'être amoureux, être père ? Sommes-nous tenus d'être des citoyens patriotes ? L'hypothèse Charlot, c'est cela : contester les normes du monde commun pour le rendre plus partageable, redonner vie à la démocratie. Et n'est-ce pas finalement la force ultime de Chaplin et de son personnage de nous éloigner du nihilisme qui semble à nouveau guetter notre époque ?
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Lefebvre Henri
Lefebvre Henri
« La production de l’espace »,
In l’homme et la société, 1974, Sociologie de la connaissance marxisme et anthropolgie
« Dans l'espace du pouvoir, le pouvoir n'apparaît pas comme tel ; il se dissimule sous "l'organisation de l'espace". Il élide, il élude, il évacue. Quoi ? Tout ce qui s'oppose. Par la violence inhérente et si cette violence latente ne suffit pas, par la violence ouverte. »
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Lemarchand Arnaud
Lemarchand Arnaud
"Enclaves nomades, habitat et travail mobiles."
2011, ed. du croquant.« Loin de considérer l'habitat non ordinaire et les formes de travail associés comme des choix rationnels et individuels, nous les tenons pour des solutions, dans des situations données »
Depuis la fin des années quatre-vingt en Europe : squats, foyers, tentes, caravanes, fourgons, etc. réapparaissent de plus en plus fréquemment. Or l’habitat précaire et mobile est une pratique de groupes professionnels : marchands et industriels forains, travailleurs des transports, salariés du bâtiment et de l’industrie, voire du secteur tertiaire… personnes sans-emploi. Ces formes de logements occupent des espaces reliés à des fonctions, elles ne sont pas « hors jeu ».
Ce monde du travail et de l’habitat mobile ou précaire permet de saisir certains aspects des changements économiques en cours. Il est en outre impliqué dans les migrations, le tourisme et les fuites hors du salariat. L’examen de divers fonds d’archives permet de retrouver le monde de l’habitat mobile ou de passage au cours du xixe et du xxe siècles. Il s’articule à des organisations de l’intermittence sur les ports, il est impliqué dans des processus d’innovations via les foires. Les nouvelles formes d’organisation de la production industrielle expliquent son renouvellement. Il s’agit d’un monde transverse à différentes sphères de la circulation et de la production. On peut ainsi esquisser des liens entre les mutations du travail « post-fordistes » et les changements de la ville contemporaine.
L’habitat « non-ordinaire » n’est pas une scorie, mais au contraire une production actuelle qui recherche sa légitimité entre spatialisation de la question sociale et discours radicaux.
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Lévy-Vroelant Claire
Lévy-Vroelant Claire
« Bien plus que des bains-douches »,
In Urbanisme n°418, 2020, p15
Issus d’une histoire urbaine séculaire, les bains-douches publics sont-ils obsolètes ? Au plus fort de la crise sanitaire, ils sont demeurés ouverts, à Paris, mais aussi à Nantes, Bruxelles ou Turin. Sans oublier les sent ̄o japonais. Preuve que ces équipements ont encore un rôle essentiel.
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Lion Gaspard
Lion Gaspard
"Saisir l'habiter par ses marges précaires"
In Les Annales de la Recherche Urbaine N° 110, Année 2015 pp. 108-117Fait partie d'un numéro thématique : Ville et vulnérabilités“L’enquête ethnographique au jour le jour auprès des personnes qui vivent dans les tentes et cabanes du bois de Vincennes montre donc comment ces hommes et ces femmes, considérés comme sans-domicile, habitent les lieux au sens fort du terme. Elle met en lumière comment se déploie un habiter dans et malgré la situation de précarité qui est la leur. Cette approche permet tout à la fois de nous rapprocher de ces personnes, couramment rejetées dans une altérité radicale, en nous les rendant familières à travers des pratiques communes, mais aussi de nous rendre étranger ce qui nous est le plus familier, à savoir l’expérience quotidienne que nous faisons tous de l’espace sans plus même y prêter attention.” extrait de l’article.
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Paquot Thierry
Paquot Thierry
"Habitat, habitation, habiter, Ce que parler veut dire... "
In Cairn, mars 2005« Loger n’est pas “habiter” ; l’ “habiter”, dimension existentielle de la présence de l’homme sur terre, ne se satisfait pas d’un nombre de mètres carrés de logement ou de la qualité architecturale d’un immeuble. C’est parce que l’homme “habite”, que son “habitat” devient “habitation” »
Dans la série de termes désignant le chez-soi, l’auteur en retient trois à partir du verbe habiter. C’est un mot riche car il déborde le fait d’être logé pour l’être qui en est le sujet. Le philosophe Henri Lefebvre introduira cette notion dans la sociologie urbaine française. L’habitat est un concept large qui comprend l’habitation mais pas seulement : le trajet, le voisinage, les connaissances et les intérêts marquent un territoire. Si l’habitat relève en grande partie des compétences de l’architecte et de l’urbaniste, “l’habiter” dépend de la capacité de chacun d’être présent au monde.
In :Revue informations sociales Cairn, mars 2005 - article p. 48-54 -
Pichon Pascal
Pichon Pascale
« Vivre dans la rue, sociologie des sans domicile fixe »,
Paris, Éditions Aux Lieux d’Être, 2007, 255 p., [Réédition : Saint-Étienne, PUSE, 2010, 227 p.]
Qu'est-ce que vivre dans la rue ? Comment exister en situation d'extrême pauvreté et surtout, comment est-il possible d'en sortir ? Pascale Pichon s'intéresse depuis le début des années 1990 à comprendre l'expérience vécue des personnes " sans domicile fixe ". Ses enquêtes de terrain l'ont conduite à partager leur quotidien, à observer les formes d'abandon social qu'elles subissent et face auxquelles elles tentent de maintenir leur identité et leur dignité. Comprendre aussi l'organisation de la débrouille. sa logique et ses limites, ses épreuves et ses renoncements, sa force d'enfermement. L'ouvrage s'attache à travers différents portraits à rendre compte d'histoires de vie, avec leurs drames, leurs espoirs, leurs renoncements ou leurs résolutions. Les armes de la sociologie donnent des clefs d'analyse, et font appréhender les dimensions morales et politiques de notre partage de la ville avec les sans domicile fixe. Mais il s'agit aussi de donner des réponses quant aux sorties possibles de ces " carrières de survie ". Un enjeu politique majeur, qu'il est pour la collectivité plus que temps d'assumer.
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Pierron Jean-Philippe
Pierron Jean-Philippe
La poétique de l'eau
2018, les Peregrines eds, 198 p.« En changeant son imagination, l’homme change son existence. » Paul Ricoeur
Canalisée, maîtrisée, distribuée, l’eau nous apparaît désormais ordinaire, à portée de robinet. Quant à ces temps où chaque source, chaque rivière étaient habitées par une nymphe, nous les avons oubliés. Nous ne vivons plus l’eau, nous l’utilisons. Un simple flux à gérer. Et pourtant, on parle de stress hydrique, de désertification galopante, d’épuisement des nappes phréatiques : nous savons aussi qu’elle commence à manquer, qu’elle est précieuse. Comment est-on parvenu à cette situation paradoxale ?
Du philosophe grec Thalès de Milet qui, affirmant que « tout est eau », faisait d’elle le principe de toute chose, au chimiste Lavoisier qui, au XVIIIe siècle, la désenchantera pour y découvrir un composé chimique, et au moment écologique contemporain, toute une histoire se déploie.
C’est ce récit complexe, et les différentes conceptions qu’il porte, que le philosophe Jean-Philippe Pierron nous raconte ici. Alors que le soin écologique relève aujourd’hui d’une urgence, ce geste poétique vaut engagement. Car pour changer les pratiques, ne nous faut-il pas dépasser le simple utilitarisme et produire un nouvel imaginaire ? Et si cela commençait par rêver l’eau ?
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Raffestin Claude
Raffestin Claude
"Réinventer l'hospitalité."
In Communications, 65, 1997. L'hospitatlité - article p. 165-177« L'hospitalité, dans ces conditions, prend une valeur tout à fait particulière puisqu'elle fonde le lien qui permet l'articulation entre mobilité et immobilité, entre nomadisme et sédentarité. »
L'hospitalité, en tant que « pont » entre deux mondes, est un élément syntaxique dans la vie sociale qui exprime l'articulation entre le connu et l'inconnu, entre le localisé et l'errant, entre l'ami et l'ennemi, selon les circonstances.
In Communications, 65, 1997. L'hospitatlité - article p. 165-177 -
Richelle Sophie & Bacquaert Pauline
Richelle Sophie & Bacquaert Pauline
« Corps sale ville sèche »
Podcast
Alors que le manque d’eau touche des franges de plus en plus larges de la population urbaine, les bains publics ont presque tous disparu. La disparition et la rareté de ces lieux populaires dans de nombreuses villes interpellent.
À travers Bruxelles et les témoignages des personnes qui les ont fréquentés et qui fréquentent encore ces bains, « Corps sales // Ville sèche » nous plonge au cœur de l’une de nos pratiques parmi les plus intimes : se laver. Depuis les lieux méconnus où l’on peut se laver en ville, hors de chez soi, ce documentaire décortique en 3 épisodes, d’hier à aujourd’hui, les enjeux et l’importance de pouvoir prendre soin de soi.
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Schérer René
Schérer René
"Hospitalités."
ed. antropos, 2004« La question ne s'énoncera plus ; comment rendre possible l'admission de l'étranger dans la société la meilleure, mais comment penser une société meilleure autour de l'étranger, de l'admission de l'étranger. Penser autour de l'autre, de la priorité de l'autre, et non du repliement, de la clôture de soi »
Cet essai rassemble en les organisant un certain nombre d'études, articles, communications, interviews consacrés à l'hospitalité, au cours de ces dernières années ; depuis, exactement, la parution de Zeus hospitalier, en 1993. L'hospitalité touche au droit, au droit national et international, public et privé, mais elle ne s'y limite pas Un dénominateur commun aux courts textes ci recueillis, à ces " miettes philosophiques ", est que l'hospitalité occupe un plus large domaine et déborde le droit de toutes parts. Je me situe du côté d'un élargissement du domaine et du concept d'hospitalité faisant éclater les frontières restrictives du juridique. En dépit de leur entrelacement, un conflit existe entre les deux domaines : les exigences de l'hospitalité dépasseront toujours ce qui peut être codifié juridiquement. Son étude, la description des figures variées qu'elle peut prendre, supposent un point de vue dynamique, tendanciel : on peut, on doit toujours faire prévaloir l'hospitalité sur, voire contre le Droit dont elle manifeste souvent les failles et souligne les défauts. Ce que font les nombreux mouvements revendicatifs que suscitent incessamment les contraintes contemporaines : ceux des sans-logis, des sans-papiers, des immigrés, et autres individus ou groupes mal à l'aise dans l'ordre social actuel, brimés par lui et qui apportent, toutefois, à notre société, une contribution irremplaçable. Contre les restrictions imposées par le droit positif, il faut affirmer une hospitalité inconditionnelle, une hospitalité qui s'adresse, à la fois, à la raison et au cœur ; difficile, peut-être impossible à accorder avec le réel, mais n'en étant pas moins exigible. Une hospitalité hyperbolique ou absolue.
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Schérer René
Schérer René
"Utopies Nomades."
ed. Séguier, 1996, 230 p« Le paradoxe de l'utopie (...) est qu'elle seule touche au réél dans un monde d'artifice (...) Monde amputé de sa meilleur part, de la plus assurée, que sont les désirs, les passions, trame et constistence du quotidien »
« Délaissant l'espace des iles bienheureuse, l'utopie s'introduit dans la dimension d'un devenir. Non seulement celle d'un futur, projetée dans l'à-venir, mais dans le mouvement même de l'histoire se faisant, pour opposer sa résistance à son apparente inéluctabilité »
Il s’agit d’un recueil d’essais s’échelonnant de 1989 et 1996. Très loin des utopies de Campanella ou de Platon, que l’auteur définit comme des « épures contraignantes », ce livre donne à lire une toute autre conception de l’utopie, très proche de Fourier.
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Vayssiere Bruno-Henri
Vayssiere Bruno-Henri
"Cartes minimales"
in Cartes et figures de la terre, catalogue exposition du Centre Pompidou, Paris, 1980, p. 176 à 183Il est intéressant de rappeler qu’à la fin du XVIIIe, le roi d’Espagne veut savoir sur quoi il règne. Pour cela son cartographe Don Thomas Lopez envoie un courrier aux prêtres d’Espagne en leur demandant de cartographier leur chapelle. Seulement 500 prêtres répondent et envoient une représentation de leur village. Ces représentations sensibles et non géométriques seront tout à fait inutiles dans la constitution d'une cartographie générale de l'Espagne, mais elles racontent davantage sur la culture du prêtre, sa situation, son état d’esprit, ses connaissances, etc. Le monde se dessine ainsi selon le regard de celui qui l'observe.
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Weizman Eyal
Weizman Eyal
"À travers les murs. L’architecture de la nouvelle guerre urbaine."
Paris, La fabrique, 2008.Ce livre analyse les stratégies et tactiques de la nouvelle guerre urbaine, notamment contre les Palestiniens. L’auteur nous entraîne dans un univers postmoderne où la réflexion sur l’organisation de l’espace fait un détour par Gilles Deleuze, Félix Guattari et Guy Debord. Il montre comment des réflexions sur la déconstruction de l’espace urbain sont à la base des stratégies de combat de l’armée israélienne dans les zones urbaines palestiniennes.