30 avril
« Pour bien se reposer à la bibliothèque, j'ai un livre. Tu fais semblant, comme si tu lis, bien tranquille. Le chapeau sur la tête, tu es là, tu es tranquille. Tu as au moins une heure de sommeil bien réparateur, puis c'est fini. C'est une bonne stratégie qui est là. » Monsieur Zoukou.
Se laisser tomber de fatigue c’est devenir plus mou et plus lourd. C’est le corps qui cède à la gravité, qui s’enfonce, un nouveau rythme de respiration qui s’installe, des pensées qui divaguent... Une atmosphère en suspens se crée qui inspire une attention particulière chez les personnes éveillées aux alentours.
Savoir dormir dans l’espace public est une véritable expertise à maîtriser pour les personnes en temps précaire. Un savoir pratique entre la connaissance des lieux dans lesquels il est possible de s’installer sans craindre d’être dérangé et le développement de stratégies pour déguiser son endormissement ou lutter contre. C’est aussi savoir évaluer les situations opportunes à l’épanouissement de son repos.
Le sommeil dans un intérieur public est un acte évalué au travers des postures du corps par les surveillant·es qui apprennent à le reconnaître, le mesurer et ont pour obligation de l’interrompre pour « éviter tout trouble à l'ordre public ». De ce fait, l'exercice du dormir doit trouver sa place en se déployant entre les normes d’usages dictées par le règlement et les sensibilités personnelles des professionnel·les chargé·es de faire respecter ce règlement.