Depuis la rue Alsace Lorraine, le local où nous avions rendez-vous est très visible. Un écriteau « lieu Accueil Parent » indique la porte derrière laquelle ont lieu les permanences. Nous entrons. Dans un local d'une cinquantaine de mètres carré, autour d'une table sur laquelle on trouve du café, du thé, des papillotes, environ une dizaine de parents d'élèves conversent entre eux et avec un instituteur, le directeur de l'école primaire, la directrice de l'école maternelle et l'animatrice du lieu, Valérie
« Ici on apprend à écouter et à entendre, les parcours sont riches. De l'ordinaire devient de l'extraordinaire. Et en visibilisant certaines situations, on diminue les fantasmes et les peurs. Les familles retrouvent confiance et inscription dans le territoire, ils s'autorisent à exister. » Voici en quelques mots comment nous est décrit ce lieu ouvert.
Nous sommes ici pour la première fois, mais rapidement les femmes nous racontent un peu de leur parcours. Nous convenons ensemble de revenir régulièrement afin d'approfondir ces rencontres. Après avoir exposé notre projet sur l'hospitalité, Akima est la première à rebondir. « nous n'habitons pas ici, nous venons de partout. On pourrait faire une carte des endroits où nous vivons et si nous tenions toutes une bougie dans les mains, on ferait une ronde autour de Lyon. Moi je viens de Francheville, il y en a d'autres qui viennent de Vénissieux, Rilleux, etc. Moi par exemple, je suis dans un logement d'urgence et je change toujours d'endroit, mais pour que mes enfants aient une forme de stabilité, je les laisse dans cette école, ils y ont leurs copains, leurs habitudes. Tout le reste bouge tout le temps, alors au moins ça c'est stable »
D'autres femmes vivent loin, en hôtel, dans des logements d'urgence, etc. Catherine précise que « la difficulté de l'hôtel c'est qu'ils ne peuvent pas se faire à manger ». On nous raconte aussi comment une famille trop éloigné du centre ville de Lyon a déserté un appartement qui leur avait été trouvé. ou comment une famille qui logeait dans sa voiture, se retrouvait le soir à la lumière d'un réverbère pour corriger les devoirs scolaires. Autant d'élément qui nous ont amené à tenter une première réflexion collective sur l'habiter.
« - Habiter, c'est peut-être une histoire d'instinct, comme le terrier d'un renard qui est sur son périmètre d'activité.
- C'est effectivement être sur un terrain de reconnaissance... ça fait appel au sentiment de sécurité... Ce n'est pas que des murs !
- C'est fou, parce que Messida nous disait tout à l'heure que l'essentiel, c'est de ne pas être dehors, mais d'avoir un toit. Alors qu'en fait c'est une histoire de cheminement. Le toit c'est le plus urgent quand on est à la rue, mais très vite vient la nécessité de la vie sociale.
- je dirais que ça dépend de ce dont tu as besoin pour vivre, de ce qui est prioritaire à un moment donné ! »