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aigle

« Moi c'est Louis Michel, j'ai 36 ans, je suis arrivé en France il y a 7 ans. Durant ces 7 années, j'ai eu le temps de galérer un petit peu, mais pas autant qu'aujourd'hui, dans la mesure ou j'avais quand même un appartement. Je suis resté 4 ans à Rennes et j'y ai bossé en tant que formateur en électronique dans une institution qui s'appelle l'INSA. Une fois que mon contrat c'est terminé, j'ai décidé d'aller ailleurs, pour trouver du travail. C'est à partir de là que la vrai galère a commencé, parce que pour moi la mobilité c'était intéressant au niveau de l'emploi, le fait de pouvoir accepter un travail à 200, 300 ou 500 kilomètres, mais ce n'était pas un très bon calcul. Depuis 3 mois que je suis à Lyon, je n'ai pas d'appartement.

Quand on n'a pas de lieu fixe, c'est toute la ville qui est à disposition. Elle est ouverte et ne possède pas de limite. Quand on n'a pas un QG, un point géographique vers lequel on revient sans cesse, nos trajets sont uniquement déterminés par ce que l'on a à faire dans la journée. Et moi, si on regarde une carte, je vais dans toute la ville. D'ailleurs la carte je la vois d'en haut. La ville est un grand dortoir. Je peux me retrouver à dormir dans n'importe quel endroit et c'est ce qui fait qu’au bout de 3 mois à Lyon, j'ai l'impression de connaître la ville beaucoup plus que ceux qui ont un circuit classique, parce que je suis obligé de chercher un endroit pour dormir, pour laver mon linge, pour manger. Et si par exemple demain je dois aller dans un lieu dans le nord de la ville, en y allant, je vais m’arrêter dormir sur la route.

Je vis dans ma voiture. Heureusement, cette voiture là, c'est une voiture de fonction parce que j'ai déjà dormi dans d'autres voitures et je connais la nuit avec le frein à main coincé dans le dos entre les deux sièges. Pour ceux qui savent dans une voiture on ne dort pas pleinement, on se repose un petit peu de la journée qu'on a passé, mais on ne dort jamais donc il faut faire vite de ne pas rester dans ces situations-là, pour ne pas entamer son capital santé.

Je choisis les lieux où je dors, je reste stratégique, j'évite les endroits où il y a trop de monde parce que la foule n'a pas d'identité. Je recherche quand même des lieux où il y a une civilisation, je veux dire que ce soit suffisamment habité pour ne pas me retrouver isolé si jamais justement quelque chose m'arrive, je puisque crier au secours et qu'on m'entende et en même temps il faut qu'il soit discret. Donc par exemple hier soir, j'ai dormi à Tassin la demi-lune sur un parking près d'une université car qui dit université, dit services de sécurité pas trop loin. Je me suis installé dans un coin sombre de ce parking là, pour ne pas trop me faire voir, puisque ce n'est pas légal de toute façon de dormir dans un véhicule. On peut se faire arrêter. »

Louismichel