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aigle


12 mars 2024

L’architecte-urbaniste Stéphane Tonnelat utilise le terme de « communautés éphémères de situation » lorsqu’il parle de collectifs formés d’inconnu·es au travers du partage et de l’utilisation commune d’un même espace public.

Lorsque que nous sommes à la BML (la Bibliothèque municipale de Lyon à la Part-Dieu) nous nous apercevons que certain·es usager·es en temps précaire reviennent régulièrement et y développent des habitudes. Ils et elles reviennent aux mêmes heures et aux mêmes places choisies pour leur confort, leur couleur, l’accès aux prises, leur situation en retrait… Ces habitué·es y rechargent leurs téléphones, écoutent de la musique, regardent des vidéos et passent le temps. Ils et elles s’observent, se reconnaissent et sont également connu·es et reconnu·es par le personnel. Des liens se créent par habitude de la présence de l’autre, au travers de conversations et d'usages communs de l'espace. Durant nos discussions avec ces usager·es du quotidien de la bibliothèque il n’est pas rare qu’on nous parle des autres habitué·es même s’ils ne se connaissent pas intimement. O. qui est lui même à la rue, nous recommande d’aller parler « à la dame aux valises » qui est souvent assise au même endroit avec son ordinateur sur les genoux, il sait qu’elle dort elle aussi dehors, A. repère « la dame au grand manteau » qui vient quotidiennement. A. nous présente Samy son ami qu’il retrouve régulièrement à la BML pour discuter. 

Au fur et à mesure, nous aussi nous commençons à reconnaître certains visages.